La Gazette du STEVE N°15
 par Laurent Lhermitte    Janvier/Fevrier  2001

Après deux mois de navigation nous voilà bien dans le rythme du voyage, de la découverte. Cette traversée de Hawaii aux Samoa américaines, bien qu'un peu agitée au début, a été fabuleuse. Nous voilà maintenant dans le port de Pago-pago, après avoir été accueillis comme des 'Tama Manu' (cf. le vécu) dans les atolls, l'impersonnalité de la ville est d'autant plus décevante. Heureusement encore que la plupart des gens sont très souriants. Nous avons aussi rencontré Hans un fameux navigateur qui a connu Bernard Moitessier. Fort de ses vingt ans d'expérience, il nous donne plein d'informations. Ses récits d'aventures sont fantastiques. Nous rencontrons également un phénomène : louis, dit louis le poisson, 
( www.louiethefish.com )c'est un sculpteur. Nous passons quelques jours ici, attendons une météo plus clémente puis partons, Craig, Shintaro (artiste peintre originaire d'Alaska) et moi sur les Samoa indépendantes (récemment Samoa de l'Ouest) . Pour la suite c'est de l'imprévu ; Tuvalu ou Tonga ? Il faut éviter la zone des dangereux cyclones...

Moby Dick

Les baleines à bosses font une longue migration entre les eaux d'Alaska en été et les îles Hawaiiennes où elles viennent juste d'arriver. Entre Mauï et Lanaii, nous avons pu en voir de loin. Trop souvent dérangées par les bateaux d'excursion pour touristes, elles plongeaient à notre approche. Près de Kauaï au contraire l'une d'elles curieuse a fait le tour du bateau à 10m. Craig et moi avons plongé tout à côté, Craig a même dû reculer pour ne pas la toucher et se faire râper la peau par les berniques qu'elle portait. Nous avons admiré béats son regard rieur, avant qu'elle ne parte en donnant quelques coups de nageoire. En arrivant sur Niihau, une île complètement isolée, j'ai eu la chaire de poule en voyant jaillir à 20m à peine du bateau, une forme comme le pain de sucre de Rio ! Elle nous saluait, se laissant retomber dans une gerbe d'écume. Après 2 ou 3 sauts, comme pour nous dire au revoir, elle frappait l'eau de sa nageoire latérale noire et blanche. Ce fut un spectacle inoubliable !

 

Les drogues ! ! !

Agent de sécurité lors d'une 'Rêve party' j'ai pu voir l'effet de 'l'extasie' sur de jeunes lycéens, de 16 à 20 ans. Pilules soit disant de l'amour, élaborées par d'ingénus pharmaciens ou médecins pour 20 dollars elles vous donnent l'envie d'aimer votre prochain, de le prendre dans les bras, de l'embrasser... superbe jusque là, le seul problème est que les lésions cérébrales sont irréversibles ! Personnellement je n'ai pas besoin de chimie pour avoir de telles envies, mais bon je suis sûrement vieux jeu...sans parler de cette jeune fille complètement déjantée par un excès de LSD. Lorsque dans les lycées je vois également les jeunes fumer comme des pompiers, cela me donne envie de gueuler : " arrêtez de vous esquinter la santé ! " D'accord vous me direz nous sommes tous des drogués, la plus consommée étant le café ! se perturber les sens ou la personnalité de temps en temps peut ne pas faire de mal, il faut juste recadrer un peu les choses et surtout en parler :

Chaque civilisation à ses drogues, leurs consommations étant gérées par des rîtes, des règles. Chez nous on prend un petit apéro de temps en temps avant le repas, si vous donnez une bouteille d'alcool à un indien ou un polynésien, il ne partira qu'une fois la bouteille vidée. J'ai vu en Amazonie de pauvres bougres chercher l'or (dur métier !) pour pouvoir s'achever dans les bars à coup de pépites en échange d'alcool. Dans les îles et atolls du pacifique que j'ai visitées avant que les missionnaires ne l'interdisent, les gens buvaient le Kawa. L'opium en Asie, était réservé aux personnes âgées ou souffrantes. Les feuilles de coca s'achètent sur les marchés dans la cordillère blanche, je suppose qu'elles aident les pauvres à travailler plus tout en ayant moins faim. A Hawaii beaucoup de gens fument la marihuana " Aloha spirit " oblige, mais je trouve que ça les rend stupides ! Bien qu'ils croient le contraire. Il est déjà difficile de gérer la consommation d'une drogue mais cela devient impossible lorsqu'elle ne fait pas partie de la culture.

Il y a des drogues douces et d'autres dures dont on devient physiologiquement dépendant, sachant que toutes sont nocives, il ne faut abuser de rien et rester libre.

Il faut connaître leurs effets et surtout leurs perversités. Je n'ai trouvé aucune drogue qui rende plus intelligent...

Pour conclure rapidement je dirais qu'il faut préférer la vie. Il y a bien des façons plus naturelles et bénéfiques de se troubler les sens. L'amour par exemple ; Oh là là ! Que ça perturbe ! La danse, la musique, le sport, l'excès d'adrénaline provoqué par des sensations fortes tout cela motivé par l'amour et le respect de la vie, de sa vie, on en a qu'une jusqu'à preuve du contraire !

Pourquoi partir ? ? ?

Un jour, sur une petite île de l'océan indien en parlant avec un habitant, j'ai eu le sentiment que le monde pour lui ne dépassait pas les rivages de son île. Il fut fort surpris lorsque sur la petite carte de mon agenda je lui montrai le ridicule petit point, le caillou sur lequel il vivait (jusque là heureux...).

Savoir l'immensité qui nous entoure donne envie d'y aller faire un saut, et un petit tour du monde avant de s'installer quelque part, en voilà une bonne idée ! Les voyages commencent souvent par l'observation d'une carte. Cela fait rêver, s'imaginer un ailleurs. Qu'il soit sur une carte ou devant mes yeux comme actuellement, l'infini de l'océan m'a toujours exalté. Ayant vite pris conscience de la fragilité de l'existence, c'était comme un challenge, je voulais avoir traversé l'atlantique, voir le désert et la banquise. Que de rêves et de projets du jour où j'ai su que ces lieux si différents de ma banlieue existaient !

Avant le départ, lorsqu'il faut choisir, on se pose toujours des tas de questions. J'y vais ou pas ? Je suis bien là avec ma petite vie tranquille. Finalement, je suis heureux dans cette société. Je peux envisager d'avoir le plaisir de répondre un jour aux besoins qu'elle fait naître en moi. Nullement déçu par mes premiers voyages, je n'ai jamais regretté d'être parti. Cela m'a toujours apporté beaucoup : le bonheur qui découle de la résolution des ennuis, la découverte d'autrui, de lieu, de cultures différentes... La rencontre de gens gentils qui parfois d'un petit rien, souvent un peu d'altruisme, vous aident et vous rendent profondément heureux. Partir est une quête du bonheur.

Les sociétés de nos jours semblent toutes très proches. On trouve la télévision et du Coca-Cola partout. Il n'en reste pas moins beaucoup de différences entre les peuples, elles sont juste moins apparentes qu'il y a 100 ans. Rencontrer ces gens d'autres cultures avec un comportement, un langage, une économie, un système éducatif différent permet de prendre du recul face à notre mode de vie. C'est une sorte d'insatisfaction, de recherche d'une société meilleure, qui me pousse à voyager. Je vous rassure, je n'ai pas encore trouvé l'idéal. Un retour à une vie " naturelle " est parfois dur mais si excitant ! Marcher sur la surface immaculée d'une montagne enneigée ou sur une plage d'une île déserte vierge de toute pollution humaine est exaltant. J'aime la pureté.

Le voyage est une formidable bonne école. Lorsque je n'étais qu'un blanc bec de 20 ans, n'ayant aucune raison d'être triste, mon cœur en a créée une. N'ayant plus le goût de rien, je me trouvais si malheureux, cela faisait si mal que l'idée lâche et stupide de quitter la vie m'est venue. Quelle connerie ! " Quand tu aimes il faut partir " m'a dit quelqu'un ! Heureusement j'avais déjà commencé à voyager. Les gens vivant dans la misère luttent pour survivre, les peines de cœur sont loin d'être leur priorité, et ils ont souvent une joie de vivre incroyable. J'ai compris à leur côté que le bonheur commence par le fait d'avoir l'estomac plein au moins une fois par jour et les fesses propres. Le reste est philosophique...au fait pour vous sentir mieux dans votre vie de sédentaire sachez qu'un milliard d'êtres humains n'ont pas ce minimum vital...

Le voyage n'est heureusement pas la seule façon de partir, on peut s'évader le temps d'un film, se créer un monde imaginaire de lecture, regarder ses enfants grandir, faire de la musique, de la danse, de la plongée ( j'émerge juste d'un autre monde où j'ai fait de longues apnées pour admirer les merveilleux petits poissons, les coraux et leurs microscopiques polypes...) travailler, faire du sport, se droguer : Ne sommes nous pas les premiers consommateurs d'antidépresseurs ? Et les Bretons c'est quoi leur truc déjà ? Chacun a la sienne à vous de trouver la bonne. Les 'sédentaires' peuvent répondre à cette question : Pourquoi rester ?

 

 

Un peu de Vécu.

Honolulu Kauaï

Le 4 janvier après un dernier bon petit déjeuner en compagnie de notre ami Achim, nous quittons la marina de Ko-olina et naviguons au moteur vers l'ouest, direction Kauaï. Nous amarrons le Steve dans la jolie petite marina de Nawiliwili, située dans le lit d'une rivière. Nous sommes entourés de verdure. Kauaï est considéré à juste titre comme le jardin d'éden des îles Hawaii. Nous faisons de superbes belles randonnées. La fameuse vallée des baba-cool, Kalalau est si belle que les riches touristes la visitent en hélicoptère. On se baigne à poil sous le soleil dans les torrents et les cascades...

 Je finis d'installer une pompe à pied d'eau de mer sur le bateau pour faire la vaisselle en économisant l'eau douce, comme nous serons 3 durant cette traversée il faudra faire plus attention... le 11 janvier vers une heure du matin, après la petite fête coutumière, les amies de Craig, Katie et Kim, nous larguent les amarres. Nous voilà partis encore au moteur pour Niihau.

Niihau Palmyra

C'est une île préservée du tourisme où les habitants parlent encore hawaiien. Malheureusement et cela est très frustrant, nous ne pouvons y débarquer à cause d'une houle venue du nord ouest ! Nous saluons les gens sur la plage et renvoyons les voiles direction Palmyra.

AH la vie de bateau, c'est encore mieux que la vie de château !
 Nous passons dans cet atoll paradisiaque des moments fabuleux, il y a des couleurs du vert au bleu incroyable ! Aujourd'hui 22 janvier il est 18h30 le soleil vient de se coucher, nous rentrons d'une plongée à l'extérieur du lagon sur le tombant, le gars qui fait la maintenance du site pour la protection de la nature nous a prêté l'équipement, les bouteilles, la coque plastique avec le 55 cv. Nous avons vu plein de beaux gros et petit poissons, un napoléon, des requins à pointes noires et aussi un gris, une tortue, une troupe de dauphins, le tout dans un magnifique parterre de corail. Je suis allé faire un petit tour à 40m pour voir, mais c'est pareil qu'à 10. Avec le fusil harpon j'ai tué un poisson et l'ai donné à manger au requin, il n'en a fait qu'une bouchée ! Avalé en long il ne l'a même pas mâché !

Ce midi avant de partir, devinez ce que nous avons mangé ? De la langouste ! Nous sommes allés hier soir de 22h à minuit sur  le récif avec nos piles électriques. Dans 40 cm d'eau, deux superbes langoustes se prélassaient, on les a attrapées en mettant un pied dessus puis avec un gant pour ne pas se piquer la main. La plus grosse faisait au moins 4 kg. Elle ne rentrait pas dans la cocotte minute !

Ce matin nous avons tous mis la main à la pâte pour faire 2 superbes pains et un cake, grâce à Mireille je sais maintenant comment faire du bon pain et j'en suis très content. On se baigne sous les cocotiers et on saute en se balançant à une corde au-dessus de l'eau couleur turquoise, fun non ?

 Nous partirons probablement demain soir pour les Kiribati (730 Milles) puis Tokelau. J'ai pas la carte de détail pour Canton mais nous verrons bien, on s'approchera lentement. (encore du stress pour le capitaine...) Ces gens vivent de façon très isolée et ont une vie communautaire, si un poisson est pris, il est distribué sur la plage entre les familles proportionnellement à leur taille. C'est ce que nous avons pu lire dans le guide.

Le 24 janvier nous saluons donc nos amis et hissons les voiles dès la passe où nous filons à 7 nœuds la traversée est tranquille, on ne touche pas une fois aux voiles et tout le monde s'occupe pour passer le temps. On lit, Mireille confectionne de mignonnes petites choses au crochet.

 

 

Canton Fakaofu (Tokelau) écrit par Craig

Apres 6 jours de mer nous arrivons sous le vent du petit atoll de Canton en se demandant bien ce que nous allons y trouver. Il n'y a qu'une note sur mon guide Lonely Planet expliquant que seulement 30 personnes vivent ici. En jetant l'ancre devant la passe nous pensons que l'île est déserte. Il y a des ruines, beaucoup d'oiseaux et pas âme qui vive. Un fort courant entre dans la passe il est plus prudent d'ancrer le bateau devant. Je pars donc avec le dinghy en reconnaissance, un homme à la peau très bronzée et tatouée me fait signe de débarquer, et m'explique en anglais qu'un mouillage existe à l'intérieur du lagon et que le policier également officier de l'immigration est en chemin pour venir nous voir. Cet homme s'appelle Tamiano, c'est un bon pêcheur qui a une vie bien tranquille avec sa femme et 6 ou 7 enfants et 3 ou 4 grands enfants sur différents atolls.

Après quelques difficultés pour remonter l'ancre, la chaîne était prise sous un immense plateau de corail, nous entrons avec le Steve dans l'atoll. Sur la côte, Eketi, le policier, douanier, trésorier,  officier en charge du lieu, nous reçoit en uniforme aux couleurs des Kiribati. Après quelques réticences de Laurent, nous payons les 90 us dollars de droit d'entrée pour nous et le bateau. Eketi quitte alors son air officiel et bien gentiment nous invite à une visite de l'île pour le lendemain. Sur le plancher d'une cabane de pêcheur de passage nous remplissons les papiers et parlons un peu de la vie. Eketi rit de bon cœur et c'est communicatif. Il a le même âge que nous mais semble plus vieux. Le lendemain, pour notre plus grand plaisir, il a revêtu un Lava-lava (paréo) et un T-shirt. Sur le seul véhicule de l'île nous partons pour une visite guidée des ruines laissées par les Américains entre le début de la seconde guerre et 1979. il y a beaucoup de ruines, les gens vivent dans ce qui reste des meilleurs bâtiments. L'école est dans une ancienne aérogare. L'apprentissage de l'anglais semble être une priorité, mais ici tout le monde parle Kiribati sauf avec les quelques " yachties " qui passent ici tous les 3 ou 4 mois... on visite les restes du centre de communication qui semble avoir coûté beaucoup d'argent. Canton était aussi une base pour suivre les fusées et missiles lancés par les USA. Les jours suivants Eketi nous invite à un repas chez lui, nous apprenons des tas de choses ; la confection les colliers de perles qui nous ont été offerts, comment rouler la bourre de coco pour obtenir de la corde bien solide, la récolte du " toddy " sève du cocotier pour faire du sirop ou de l'alcool. Assis sur des nattes par terre, la pièce est dénuée de meubles, les enfants et sa femme nous apportent plein de plats. Nous mangeons avec Eketi. Sa femme et les enfants mangeront après dans la cuisine extérieure... le lendemain soir sous la hutte préau du village, ou 'maneaba', nous sommes invités par la communauté à une petite fête en l'honneur de notre arrivée et pour le départ prochain de la femme de Taniamo, seule infirmière du village. Assis par terre chaque groupe apporte devant nous des plats, c'est un festin de roi. Nous mangeons tous ensemble puis chaque groupe repart autour du manéaba. Deux très jeunes filles dansent puis chaque représentant de groupe parle, chacun leur tour. L'atmosphère est sereine. Puis c'est l'heure du disco, tout le monde danse jusque 22h.

Le 5 février, avec le courant sortant, nous quittons cet atoll de rêve où les mois auraient pu s'écouler en un clin d'œil. j'ai jamais vu de fond si riche en poissons. Nous partons avec beaucoup de bénitiers en conserve dans du vinaigre. Le 7, le soleil se couche, il fait super chaud, nous sommes tous amorphes, il n'y a plus d'eau dans les réservoirs depuis hier. Nous buvons du lait, des jus et des bières...le 8, à 5 heures du matin, par un superbe clair de lune nous jetons l'ancre en face de la passe, le lock indique 404 milles parcourus. Le lendemain nous débarquons et aidé les gens du village nous faisons quelques aller-retour chargés de bidons d'eau. Malheureusement pour nous les sages du village, le " Feapule " ne nous autorisent pas à rester. La personne en charge, autorité administrative du village, est partie sur un autre atoll. Un voilier français peu poser des problèmes avec la Nouvelle Zélande. Laurent a beau expliquer qu'il n'est pas responsable des bombes que pose son pays, qu'ils peuvent visiter le bateau, ils ne veulent pas prendre de risque. Le 9 nous partons donc pour Nukunonu.

 

Nukunonu.

Un mal de dos, après avoir tiré sur la chaîne de l'ancre à canton m'empêche de manœuvrer, Craig fait la plupart du travail et nous arrivons à Nukunonu après une nuit de moteur. Je suis bloqué au lit mais Craig et Mireille passent la journée à terre et rencontrent entre autre Luciano Perez. C'est le principal du collège et aussi le propriétaire du petit guest house ; 'hotel Luana' Luciano nous reçoit comme des " Tama manu " : petit oiseau. Il faut expliquer ici la philosophie de ces gens. Si une famille doit construire une maison , par exemple, tout le village va aider. La pêche est effectivement distribuée et partagée dans le village. C'est une société fondée sur l'égalité... celui qui voyage, considéré l'oiseau loin de son nid fait comme partie du village, de la famille. Nous étions systématiquement invités à dîner avec Luciano. Un soir, pour la délégation de New Zélande chaque famille du village a cuisiné un plat ; un cochon cuit au four tahitien dans le sable, du poisson cru ou cuit au sel, des fruits et légumes, un vrai festin. J'avoue que c'est la première fois que je vois mis en pratique de telles idées. La Nouvelle Zélande pense à une décolonisation de ces 3 atolls. Au lieu de partir comme de bons profiteurs la N.Z. laisse différents choix aux 1500 habitants. Le Feapule est soucieux de conserver les traditions et cet esprit de société équitable. Aux Marquises déjà un homme d'un certain âge m'avait fait cette remarque :

" Nous envoyons nos jeunes en N.Z. (ou Tahiti pour les marquisiens) pour qu'ils acquièrent plus d'instruction, et, ils nous reviennent complètement fada ; ils cassent tout, volent et sont malheureux... "

Un après midi Luciano nous emmène avec sa coque alu de l'autre côté du lagon sur un grand motu où il y a des crabes de cocotier. Son fils et un ami sont partis plus tôt pour les capturer. Nous avons oublié le briquet, mais Luciano a pris 2 bouts de bois, (du pua-pua) et nous allume un feu. On boit les cocos et on cuit 2 crabes. C'est un régal, meilleur que la langouste. L'intérieur très gras est fort en goût et au départ cela ne nous semble pas très bon, mais la seconde fois que j'en mange je l'apprécie beaucoup. L'abdomen du crabe est de la consistance et de la couleur du fois gras. C'est du concentré de noix de coco, frais sur du pain ou fondu sur du riz c'est délicieux. Luciano nous montre aussi comment sélectionner les cocos et nous ouvre une jeune pousse. L'intérieur blanc est comme une pomme "  apple coconut " et remplace le pain pour manger avec le crabe sur cette plage paradisiaque. Il fait une superbe casquette avec une feuille de palmier pour Mireille qui commençait à rougir. C'est fabuleux de voir comment ces gens, avec le peu que leur offre la nature, sont capables de se débrouiller ! Juste avant de partir il nous montre une plante dont on peut manger le bout des feuilles. Crues ou cuites elles ont le goût de petit pois. Chaque jour est une découverte, un soir nous sommes invités à une petite " party " tout le monde est réuni ; Les anciens du " Feapule " les 2 New zélandais, le secrétaire du président joue de la guitare et tout le monde chante. Nous découvrons leur sens de l'humour car pendant un moment le groupe autour de nous parle anglais. Ils font plein de sarcasmes, sous-entendus et jeux de mots. On se bidonne ! Je remarque que l'immense respect des jeunes envers les anciens ne les empêche pas de se moquer les uns des autres. Nous passons encore une sacrée bonne soirée.

Le 14 23h je n'arrive pas à dormir ! Hier à la même heure, nous revenions d'un très agréable repas à terre. J'avais accroché l'annexe vite fait et avait fait de l'ordinateur jusqu'à 1h du matin pour m'apercevoir à 5h qu'elle n'était plus derrière le bateau malgré nos recherches toute la journée on ne l'a pas retrouvée ! Ce soir une fois de plus je suis las et triste. Je pensais que cela ne pouvait pas m'arriver...

Le samedi j'emmène Luciano et Léhé pour une journée de pêche en mer. Ils découvrent pour la première fois la vie de marin et la façon dont le bateau gîte les impressionne beaucoup. Nous ne revoyons toujours pas l'annexe...ils m'enseignent quelques techniques de pêche.

Le 21 après avoir été comblés de cadeaux nous quittons le mouillage par petit temps direction Swains Island.