La Gazette du STEVE N°14

Par Laurent LHERMITTE. Août, Décembre 2000
Email: lhermittelaurent@yahoo.fr

Soo Good,
Partir, voyager, re-naviguer, jeter l’ancre dans un nouveau mouillage, pêcher dans les jardins de corail, s’amarrer au port d’une petite île à découvrir, passer la nuit sous les étoiles dans un ciel sans lune et observer au petit matin un croissant se lever, admirer le levé du soleil, sentir le bateau glisser sur les vagues……Tout cela est si bon ! Après tellement d’efforts, de découragements, de moments difficiles j’avais oublié combien ce sentiment de liberté est exquis. J’ai passé 6 mois à réparer le bateau et remplir la caisse de bord sans même prendre le temps de lire, d’écrire, de travailler ma guitare. Je n’ai même pas pris le temps d’apprendre à surfer ! j’ai surfé ma première vague la veille du départ.

Après un petit tour dans les îles environnantes je redescends au sud sud ouest mais cette fois en équipage puisqu’il y a Craig et Mireille. Nos aventures seront dans la gazette 15 car  il n’en manquera pas mais pour le moment je vais parler de la vie à Honolulu.

Il a été difficile pour moi d’écrire ce numéro car j’ai perdu l’une de mes principales motivations; mon amie  l’institutrice qui s’occupait de raconter mes histoires aux enfants a pris une année de congé pour formation…

 

Les réparations :

Elles commencent par un long tour à vélo dans les 4 coins d’Honolulu. à peine arrivé, je recherche les différentes possibilités pour remâter mon bateau. Les gens me renseignent assez vite. Le gréeur local me propose un devis à 15 000 dollars… Il ne doit pas avoir une grande concurrence. Les deux marchands d’occasions, n’ont rien de sérieux. L’un est alcoolique, l’autre pratique des tarifs exorbitants ; je ne lui achèterai qu’une petite girouette à 10 dollars. Il y a deux petits chantiers, le tarif pour l’heure de grue est de 300 dollars pour celui près du yacht club et 150 à Keehi lagoon près de l’aéroport et des usines de traitement des ordures… il y a bien quelques ponts sous lesquels je pourrai remâter…
En fin de journée infructueuse, passablement triste, je rentre au musée maritime, histoire de voir comment les ancêtres hawaiiens naviguaient. De mon sac a dos dépasse un bout de barre de flèche je dois pas avoir l’air d’un touriste. Là, je rencontre Nancy ;
" Mon mari, John, est soudeur pour les coast-guard depuis 34 ans, mais il déteste souder ! "
Ah, encore une aide qui ne restera que verbale me dis-je, j’ai rencontré des gens près a m’aider, par exemple ;
"- si tu as besoin d’outils n’hésite pas j’ai tout ce qu’il faut…
quelques jours plus tard. " -Euh, j aurai besoin d’une pince à riveter ?
-mince, je n’en ai pas.
-no problème, je vais me débrouiller. .."

Ce ne fut pas le cas avec John ,nous adaptons des pièces en aluminium, comme les barres de flèches, les chandeliers... Nancy et John deviennent de bons amis. Ils découvrent avec plaisir la vie sur les bateaux dans la marina de Waikiki.

Grasse aux amis, je vais pourvoir à moindre frais réparer Le Steve. Après avoir envisagé différentes solutions, j’achète finalement un manchon fait sur mesure pour fixer à l’intérieur du mât. 550 dollars pour un bout d’alu de. ¼ d’inch (~6,5mm) d’épaisseur par 8 pieds (~2m40) de long, c'est cher…

      

Transport du mât sur le pont.

OH hisse... hisser haut!

 

Sur le quai 800, réservé aux voiliers de passages, j’assemble le mât, pose des vis et quelques 200 rivets. Je passe les câbles électriques, les drisses toutes neuves. La nuit du 12 au 13 août est très courte, je fini de préparer mon mât à 4 h du matin. Tout dois être fin près. Les copains, Tom et Achim, sont près à hisser le mât en utilisant les drisses de leurs voilier. Le dimanche matin c’est l’attraction sur le quai 800, nous sommes pratiquement une dizaine d’hommes et tout s’organise super bien, des badauds donnent leurs avis, les copines font des photos, l’ambiance est détendue. Achim et Tom s’activent sur leurs winchs pour hisser les 100 ou 200 kg d’aluminium dans les airs ! une fois le mât en place on se dépêche de l’haubaner avec des cordages. Vers 13h tout est fini, c’est l’heure de l’apéro.

John soude l'entretoise du mât...

and he had fun, fun, fun...

J’ai rapporté de France du câble de 10mm, des embouts, les pièces inox de fixations faites par Didier. Je fini de faire mon gréement les semaines suivantes. Début septembre, John l’acrobate soude l’entretoise, puis nous sortons en mer pour les premiers essais. Le Steve surtoilé dans une mer agitée tient bon.

Ce n’est pourtant pas fini, mais je n’ai plus d’énergie pour mon propre bateau, je suis fatigué et préfère travailler pour remplir la caisse de bord. Début décembre, ma tante Mireille et un ami rencontré ici Craig, me poussent à achever les réparations ; batteries, tangon, rail et chariot du tangon, peinture, couture des voiles et du taud, révision des moteurs, vidanges, etc etc etc…Finalement le 21 décembre nous partons pour les îles de Lanai, Maui, Molokai

Quelques pensées en vrac!!

Durant la traversé Tahiti Hawaii :
Seul spectateur au milieu de l’océan, j’admire la nature, les astres, les nuages et je me demande pourquoi devant les grands spectacles de l’univers on devient contemplatif. Lorsque j’ai croisé le soir du 6 avril une escadrille de bateau de pêche j’étais presque jaloux que d’autres yeux puissent voir ce crépuscule. J’avais tendance à croire qu’il m’était uniquement réservé.

En 26 jours de mer les idées sont loin d’être toujours gaies :
C’est une longue traversée d’un désert, lieu aquatique morbide toujours identique et changeant où je me dis : si tu tombes t’es mort. Qu’est ce que cela fait aimer la vie de côtoyer le néant….

Une pensée de H. Hiro noté sur un petit bout de papier :
" Tout ce pays déboussolé, sur voie de détresse
Puisse son sacrifice féconder des esprits encore jeunes
Nourrir d’exigences la génération de tes enfants. "Henri Hiro

Ma maxime super utile pendant les divers bricolages :
" Il faut apprendre à faire avec ce que l’on a, pour ne pas avoir besoin de ce que l'on n'a pas... "

Histoire drôle :
Les gens de passage sur le Steve sont vite mis à leur aise car lors de la présentation nous parlons pipi, caca… et oui comment fait on ses besoins sur un voilier ? il n’y a pas de chasse d’eau ni de tout à l’égout comme à la maison. Il faut savoir actionner la pompe du wc…pourquoi y a-t-il une certaine gêne à parler de choses si naturelles et commune ? est-ce un problème culturel ?

 

L’apostrophe du Lorenzo.

Pour retrouver la vie d’une famille dans le genre des livres de Daniel Pennac il faut lire " le théorème du perroquet " de Denis Guedj.
Les aventures de M. Ruche, Perrette, ces 3 enfants ; Léa et Jonatan, les jumeaux, Max l’éolien et no futur le perroquet savant, sont chargées de Mathématiques. Ce livre vous fait découvrir et aimer les maths, tout en parlant simplement de la vie…

 

Un peu de Vécu...

Le travail.

Pour gagner un peu d’argent j’ai fait des " petits " boulots, peintre en bâtiment, jardinier, menuisier, agent de sécurité, j’ai poncé tout un bateau et pour finir souder un tug boat. J’ai appris ce qu’était d’avoir un patron, de réaliser un travail en pensant bien faire sans reconnaissance et accepter en silence de voir son ego réduit au néant. Quel dommage d’avoir fait toutes ces études pour se retrouver rabaisser à ce point. Enfin, pour quelques mois c’était supportable, instructif et lucratif.

Avec mon copain Jim, et son tug boat, cela a été un vrai plaisir de travailler.

Lanai Maui Molokai.

la remontée du chenal de Molokai nous a rendu tous malade, mais le 22 décembre, nous ans pique-niqué dans le petit port de Manehe sur l’île de Lanai avec au menu : poisson frais pêcher dès l’arrivée au mouillage, pommes de terre et légumes cuits dans du papier d’alu sur la braise d’un barbecue, salade, fromage et le tout accompagner d’un petit vin rouge.
Pendant le tour des îles nous avons nager à côté de baleines à bosse  revenues d’Alaska…c’était très impressionnant ! 

Devinette L pour les copains ou collègues un peu matheux :

Que ceux qui on cherché me propose leur solution!!! suite au prochain épisode.

PS: j' en appel a votre indulgence, cette gazette est quelque peu bâclée pour cause de départ...je vous parlerai bien de la vie nocture de waikiki, des problèmes rencontrés dans cette société... je garde mes notes et écrirai à l'occasion de nouveaux articles. Actuellement le grand sud nous attends, j'ai hâte de revoir les nuages de Magellan