La Gazette du STEVE N° 12

Par Laurent LHERMITTE. Février, Mars 2000

 

Le Steve est revenu à Papeete après un mois passé à vadrouiller dans les îles sous le vent. En voyageant on se rend vite compte qu’il existe des gens différents sur terre mais ici je viens pour la première fois de prendre vraiment conscience qu’il y a aussi dans le monde des cultures différentes et donc intéressantes. Malheureusement elles se perdent très vite écrasées par notre civilisation dite évoluée. Certes techniquement nous sommes au top, mais quel retard lorsqu’il s’agit du relationnel de l’affectif ou tout simplement du bonheur de vivre. Voilà pourquoi j’ai envie au travers de la rubrique culture de vous parler des polynésiens. Si au lieu de toujours vouloir une certaine suprématie on avait su tirer les enseignements des cultures différentes peut être que nous aurions un monde meilleur.

Lorsque vous recevrez cette gazette, je serai quelque part entre Papeete et Hawaii. Sitôt fini ce numéro je mets les voiles, cap au nord, j’ai toujours rêvé d’aller voir la banquise en voilier…

 

Les papy font de la résistance.

(écrit par mon oncle Dany Calvet)

Il faut vous dire ! Son père 48 ans de mariage, moi son oncle 35 ans de mariage. Alors bien sur lorsqu’on lui dit qu’il a des manies de vieux garçons il ne comprend pas :

Pourquoi faire tourner le frigo uniquement pour avoir de la boisson fraîche, lui se contente de d’eau à la chaleur ambiante, ici 32 à 35 °c à l’ombre. Dans le pastis, c’est pas très bon ! Mettre le produit a vaisselle dans l’eau, lui en mets un peu sur l’éponge. Il n’y a plus de café, mais c’est pas grave on peut s’en passer et boire du thé. Mais nous le matin on aime bien le café…

Voilà sa vie bouleversée, d’un seul coup par ces papy, qui à ses yeux sont bourrés de principes, car lui bien sur étant seul sur son voilier, il n’a jamais de contradiction, alors je pense qu’il serait temps pour lui de prendre une femme. Tous les hommes mariés le savent bien, la femme apporte toujours la contradiction !

A part cela ce garçon a d’énormes qualités beaucoup de patience et de gentillesse, sans parler de son savoir car même à notre âge il nous apprend beaucoup de choses. Cela ne nous surprend pas nous maintenant nous savons ! Nous savons que l’on ne sait jamais ! DC et PL

 

Le bonheur est-il dans le Près ?

Je me demande souvent en écrivant, si je ne lasse pas, si les enfants vous n’en avez pas un peu marre de me lire ? Vous préféreriez voir les images des petits paradis où je passe au lieu d’avoir à les imaginer en lisant mes plates descriptions… je me suis dit que la quête du bonheur devait intéresser grand et petits, si en plus mes quelques humbles idées pouvaient faire le bonheur de certains je serai bien content.

Le près est une allure en voilier où le bateau remonte dans la direction du vent, contrairement aux allures dites portante où le bateau avance dans le sens du vent. Les anciens navires avec leurs voiles carrés ne pouvaient naviguer qu’au portant, avec Monsieur Bernoulli entre autre, nous avons découvert que l’écoulement d’un fluide(ici l’air) autour d’un obstacle créer une dépression… cette dépression créée par nos voiles triangulaires tire le bateau vers l’avant. Bien entendu, le bateau ne remonte pas pile dans la direction du vent mais légèrement de biais. ( Pour le Steve je compte environ 50°) il faut donc avancer en zig zag, on appel cela ‘tirer des bords’ ça va ? Tout le monde suit jusqu'à présent ? Bon alors continuons, le vent à cause des conditions de couche limite entraîne l’eau (parler de couche limite à des enfants de CM1, peux sembler un peu fou, mais je leur ai bien parlé de Baudelaire.. et puis la CL dans notre cas n’est rien d’autre que la surface de l’eau) A la limite entre les 2 fluides la particule d’air qui a pour voisine immédiate une particule d’eau se déplacent à la même vitesse. C’est pour ça qu’il se crée un courant de surface dans la mer et que le vent est beaucoup plus fort en haut du mat qu’à la surface de l’eau. Bon mais où est le bonheur dans tout cela ? Bah! Le bonheur, c’est déjà de savoir toutes ces petites choses qui modélisent le monde dans lequel on vit et permettent de le comprendre. En voilier au près, le bonheur est à l’arrivée ! La navigation est difficile, à cause des vagues (nous pourrions parler ici de l’effet Doppler, mais faudra au moins attendre le CM2) le voilier bouge beaucoup, il s’arrête parfois en tapant violemment dans la vague. Il faut abattre pour retrouver de la vitesse, jusqu’à une prochaine grosse vague. Donc c’est dur, disons un peu sportif, mais finalement ça fait du bien de se dépenser, de se battre avec ténacité contre les éléments tout en les acceptant Eh Eh ! Eole et Poseidon petits coquins, vous n’êtes pas venus à bout du Steve et de son capitaine !

Quel bonheur après 24h d’une telle épreuve, surtout pour mes équipiers, d’aller gambader dans les prés ramasser de succulents fruits dans la nature généreuse de Moorea, des goyaves, pamplemousses, citrons, papayes… se faire un petit gâteau aux mangues qui me régale ce soir tandis que je vous écris.

Ma conclusion sera donc simple, chacun voit le bonheur où il veut mais pour moi c’est entre autre ; lutter contre l’ignorance encore plus tenace que la tempête, faire un peu de sport et se rapprocher de la nature avec ceux qu’on aime. Cette bataille pour la connaissance n’a rien de prétentieux bien au contraire puisqu’elle s’applique d’abord à soi-même…

Un peu de Vécu...

Rangiroa Papeete

Mouillage dans l'atoll de Rangiroa devant l'île
des oiseaux (paio). Paradisiaque!
Je vide les poisons pour le barbecue du midi…

L’intérêt d’être passé auparavant par Manihi est que la passe Tiputa de Rangiroa me semble sans danger. Tout en confiance je rentre à la voile dans le deuxième plus grand atoll du monde. Le petit vent de travers me pousse à 5 Nds dans le léger courant sortant. L’entrée est juste impressionnante par les rouleaux dus aux vagues, déferlants à cause du courant et du vent, mais au moins il y a de l’eau sous la quille. Rangiroa est un site mondialement connu pour la plongée. Je rencontre Marcel un professeur de Français au collège de Tiputa et benjamin le skipper de "Biotherme" le trimaran de F. Arthaud qui aujourd’hui promène les touristes sur l’immense lagon. Malheureusement, j’attrape en restant toute une après midi dans l’eau chaude du lagon un abcès au coude. Je dois laisser le Steve et être hospitalisé sur Papeete. De retour sur Rangiroa on me parle des plongées à faire dans les passes, il y a des requins marteaux de 4 à 5 m des requins citrons, des raies manta je suis fou car je dois attendre que mon coude cicatrise ! Je préfère au bout de quelques jours reprendre la mer pour aller à Papeete. Nous partons le 6 février avec Brandon un australien rencontré pour la première fois à Salinas sur le bateau d’Edouard. Nous arrivons dans le port de Papeete le 8 à 6h du matin.

Nous mouillons dans une petite baie de l’avant port, juste en face d’un temple. Je découvre la ville avec mon vélo, Brandon part habiter chez des copains.

Je file au cybercafé j’ai entre autre un mail de Panther Blue ils sont à la marina de Fareute. Je retrouve avec joie la petite famille dont Julie qui avait écrit lorsque nous étions au San Blas. Ils font une pause d’un an tout comme François, le gars qui a traversé panama avec moi, pour regonfler la caisse de bord. Les filles sont très heureuses de retrouver l’école. J’emmène donc le Steve à leurs côtés et le samedi soir on se fait un petit barbecue sympa sur l’herbe de la marina.

Papeete Moorea Huahine.

Le 15 février, j’ai retrouvé Paul, mon père et Dany, mon oncle, à l’aéroport. Ils ont eu droit à l’accueil tahitien avec danseuses de Tamure, orchestre de percutions, collier de fleurs et tout. Après les 24h d’avion ils ont pris un peu de repos puis nous sommes partis visiter Papeete et acheter des vivres au supermarché. Le 18, nous quittons la petite marina de Fareute pour se rendre à Moorea. La passe de la célèbre baie Cook, est bien balisée. Nous mouillons par 22 m de fond à côté d’autres voiliers. Le lendemain matin nous rencontrons Jean Jacques et sa petite famille. C’est un copain de ‘bubu’ (surnom de jean pierre qui a construit le Steve) il a reconnu le bateau et s’attendait à voir son pote.

Huahine vu d'avion, on remarque l'espace entre l'île et
le récif; Le lagon, est un lieu formidable pour ancrer.
La petite tache blanche, c est le Steve mouillé par 25m de fond dans la baie Bourayne. Les grandes zones claires sont les massifs coralliens par 50cm de fond... le mouillage n’est pas facile.

Sur la route de Huahine, je voulais faire une halte à Maiao, mais la passe est trop petite, le mouillage au sud de l’île se fait à l’extérieur du lagon. Selon le guide, il est profond et dangereux. De toute façon nous y arrivons trop tard, la nuit tombe plus tôt que prévue à cause de gros nuages tout noirs. , L’île disparaît sous un grain orageux, je file plein sud pour ne pas être sous cette perturbation. Après une petite soupe vite faite mes équipiers se couchent, je retourne à la barre et part un peu vers l’ouest pour passer l’île puis remonter au nord sur Huahine. Les éclairs n’arrêtent pas d’illuminer le ciel, parfois d’une lueur diffuse au cœur des nuages, certain tombent sur l’île ou la mer, d’autre encore traversent le ciel horizontalement. Les orages arrivent de l’Est, je ne peux pas descendre au sud indéfiniment. J’essaie en remontant d’en éviter un qui semble plus au sud que les autres. Pour me rassurer je me dis que la probabilité pour un bateau en mer d’être foudroyé est faible… Mais plus il y a d’éclairs et plus elle augmente… C’est flippant ! Il y a en moyenne 1 à 2 éclairs par seconde, je n’ai jamais vu ça. Un de ces flashs m’a fait mal au yeux. Du coup, je barre de nuit avec mes lunettes de soleil ! C’est un spectacle incroyable, les éclairs courent dans le ciel en formant des deltas comme un fleuve sur terre. Ils passent juste au-dessus du mât. De tête j’imagine le pire, où sont rangés les extincteurs, l’enchaînement des manœuvres de sécurité en cas de chute du mât… le ciré mouillé fera t il cage de Faraday ? Lorsque je prends un ris au pied de mât, je fais très vite et m’attends presque à être foudroyé ! Bien sur j’ai éteint toute l’électronique et les feux de navigation, pourtant j’ai l’impression de voir une lueur en haut du mât. Bizarre ? ‘Effet de pointe’ ? Me reviennent en tête les cours de physique de prépas… non ce doit être une persistance rétinienne. Bon t’facon la peur de l’orage, c’est comme la peur du noir, ça passe avec le temps. Voilà 2 ou 3 heures que je navigue sous ce déluge et rien n’arrive, donc il n’y a pas de raisons que l’incident survienne maintenant. Pour alimenter tous les interminables discutions du port de l’Olivette, je dirai qu’il ne faut vraiment pas avoir de chance pour prendre la foudre en mer.

Quelques milles au nord de Maiao le temps s’éclaircit, ont retrouve les étoiles, je règle le pilote automatique, les voiles et vais dormir. Dany veille en somnolant dans le cockpit. Au matin nous arrivons sur Huahine.

Huahine Raiatea Tahaa

Nous sommes en face du village de Fare, c’est sympa. Nous faisons une longue marche dans le nord de l’île, en ramassant des mangues pour faire des confitures. Fatigués, nous revenons en stop. Les îliens prennent facilement dans leur pick-up les auto-stoppeurs. Le week-end nous recevons à bord Marie et ses cousins nous visitons le sud de l’île dans une joyeuse ambiance décontractée. On découvre les restes d’un hôtel de luxe où les bungalows, tels des maisons de Robinson, étaient perchés dans les rochers et les arbres. Le site est extraordinaire, il sert d’ailleurs de décor dans le film de Thierry Lhermitte ‘le prince du pacifique’. Lundi 28 à 6h30, nous partons toujours au portant pour l’île de Raiatea où nous déjeunons juste derrière un motu qui borde la passe. Dans l’après midi nous allons vers la ville principale Utaroa pour retrouver des copains des Marquises, sur le bateau ‘Azuline’. Manque de chance, ce sont les vacances scolaires et toute la bande d’amis part pour les Tuamotu, sur le superbe catamaran. Du coup on va mouiller sous le vent de l’île. Je navigue dans le lagon à la voile, une petite brise d’Est nous pousse et il n’y a pas de vague, c’est très agréable et me rappel l’ambiance des régates. Du coup je fais manœuvrer mes équipiers comme si on y était. Ici il faut juste être très vigilant à la couleur de l’eau et au balisage pour éviter les patates. Le lendemain nous allons toujours à la voile sur Tahaa, c’est une autre île mais elle est dans le même lagon. Tahaa est beaucoup plus sauvage, il n’y a qu’un chemin de terre pour faire le tour. On se promène un peu, tonton rêve d’un petit bout de terrain ici, histoire d’y venir passer ces vieux jours…Le 1er mars 00, nous naviguons entre la barrière de corail et l’île pour en faire le tour. Dans les vallées il y a des petits hameaux et toujours une magnifique église.

Tahaa Bora-Bora Huahine

Le 2, nous sortons du lagon par la passe Paipai sous le vent de Tahaa, direction l’île mythique de Bora-Bora. Nous sommes au moteur et j’écoute la radio, ils annoncent l’anniversaire de la mort de Gainsbourg, déjà 9 ans, qu’est ce que ça passe vite ! Vers 14h nous entrons dans la passe de Bora. L’île a du relief avec un pic rocheux qui semble être comme un caillou posé là. Mais il y a énormément d’infrastructures touristiques, hôtels, bungalow sur la plage, club med., magasins. Je préfère et de loin le côté plus sauvage de Huahine ou Tahaa. En rentrant un peu dans l’intérieur de l’île nous ramassons des fruits et un gentil monsieur nous offre de superbes papayes et du uru (lire ourou, fruit de l’arbre à pain). Les habitants ne semblent donc pas trop agacés par les touristes. Le 5 mars, nous montons au nord voir l’atoll de Tupai, lieu quasi désert. Je voulais mouiller à l’extérieur sous le vent de l’île, mais c’est impossible, trop de fond le bateau serai trop près des coraux où les vagues se fracassent. Nous rentrons donc à bora. Le lendemain, nous partons pour Raiatea, malheureusement sur la route le vent tourne au sud Est, pile dans notre direction ! Arriver de nuit dans le lagon me semble trop risqué, je tire des bords toute la nuit pour rejoindre Huahine. Mon équipage n’est pas très à l’aise, à l’intérieur des choses voltigent… devant Fare on se repose, on mange bien, et le lendemain nous repartons pour 24 h de près, cette fois tout est rangé nickel dans le bateau.

Huahine Moorea Papeete.

Je serre le vent au maximum, je me fais surprendre par un grain, toutes voiles dehors l’anémomètre monte à 30 Nds ! Le bateau se couche…nous arrivons le 8 en fin d’après midi, sous le vent de Moorea. Nous entrons dans une petite baie devant le village d’Haapiti. La passe est très dangereuse par houle de SO mais nous sortirons juste avant qu’elle ne se lève. Nous rejoindrons Papeete au moteur le vent étant totalement tombé. A Moorea un groupe de personnes sur le quai ramassait leurs poissons, toujours engageant facilement la conversation, après un sourire je les salue et nous parlons… Un bon grassouillet me dit : " nous on préfère que ce soit cher ici, pour pas être envahi par les noirs et les Arabes ! " Intérieurement je fais des bonds, je bouillonne, je laisse transparaître ma surprise, il n’y a pas 1% d’Africains sur le territoire ! Puis j’expose mes opinions comment les gouvernements ont fait venir les noirs au temps des esclaves et les Arabes pour la main-d’œuvre bon marcher, et les problèmes du tiers monde bref je finis en disant qu’il ne faut pas juger quelqu’un sur sa couleur ou ses origines. Bon il bafouille un peu sous le feu de mon argumentation et me dit que les mots ont dépassé ses pensées. Comment un tahitien a pu tenir de tels propos eux par nature si gentils et accueillants ? Ont-ils acquis la peur de l’étranger ? Ah ! Il me faut vous parler de la culture polynésienne.

Dur dur la Culture !

J’avoue que j’ai du mal à écrire sur les gens. Le fait de généraliser, de tirer des traits de caractère commun, peut conduire au racisme. Il faut donc bien être conscient que même si on expose l’attitude et les coutumes d’un groupe social, chaque individu n’y correspondra pas forcement. Par exemple j’ai remarqué dans les villes importantes beaucoup d’obèses. Les Tahitiens ont une forte corpulence, cela ne veut pas dire qu’ils sont tous gros ! Dans la culture il y a le côté activités intellectuelles d’une civilisation, mais aussi l’ensemble des comportements apparemment innés en fait hérités de nos ancêtres. Par exemple, prendre l’apéro ou un petit coup de rouge en mangeant du camembert sur un bout de baguette, fait parti de notre culture de bon français. L’alcool, tiens ! Parlons-en. C’est une drogue dure. Lorsqu’on introduit dans une civilisation une drogue ne faisant pas partie de la culture locale les individus se détruisent car ils n’ont pas eu le temps d’installer les rites régulant sa consommation. Les Tahitiens ne s’arrêteront pas à un ou deux verres, mais finirons la bouteille ou le pack, lorsqu’il s’agit de bière. Ainsi les Tahitiens boivent en excès en fin de semaine, c’est une catastrophe sur les routes, et dans les ménages. Il y a proportionnellement environ deux fois plus de morts sur les routes qu’en France. Leurs ancêtres ne connaissaient pas l’alcool, ce " produit de feu " a été apporté pas l’homme blanc. Leurs drogues de l’époque étaient le Kawa ou la Paka. Le kawa est une plante dont les racines infusées troublent le comportement, la Paka est la marijuana locale. Toutes ces substances détruisent l’organisme, mais à l’époque elles n’étaient absorbées qu’au cours de rites religieux, ou en cas de maladie. (L’alcool a également largement aidé à l’extinction des indiens d’Amazonie…) mais la culture ma’ohi n’est pas morte, elle a évolué certes et des hommes tel que Henri Hiro se sont battu pour la faire vivre. J’ai assisté à une exposition de 15 jours, sur cet homme d’art et de lettre père du réveil culturel. Ce que j’ai vu et appris ma bouleversé ( d’où cette rubrique dans la gazette.) Hiro a tout d’abord réhabilité la langue tahitienne, faisant renaître des mots disparus. En apparence le Tahitien est crédule il semble croire ce qu’on lui dit sans trop remettre en question, ils attachent beaucoup d’importance au jugement d’autrui ainsi on a réussi à lui faire croire que parler tahitien ou porter le traditionnel pareu (lire paréou c’est un paréo) était un déshonneur. Hiro était cinéaste dans ses films, il montre une scène où il se fait sortir de l’église et traité de Païen car il est juste vêtu d’un pareu. Le savoir était transmis de génération en génération par les ‘haèré-po’ les promeneurs de nuit, apprenant par cœur des tas de choses ils se baladaient de marae en marae (lieu de culte religieux). La culture était essentiellement orale et à l’arrivée des hommes blancs ces savants ont préféré mourir que transmettre leur savoir. J’ai noté quelques messages de H Hiro pour illustrer son esprit

Messages aux jeunes " tu es ma’ohi et tu n’as pas à en avoir honte ".

Lutte pour la défense de la nature " A celui qui respecte la nature la nature sait lui rendre ".

A son retour de France où il est venu étudier il disait " je ne reconnais plus ma terre, ma terre ne me reconnaît plus "

Les Tahitiens semblent très respectueux " si tu te respectes tu respectes tes parents, tu respectes ta terre. " La notion de terre où on enterre le placenta lorsqu’un bébé vient au monde est très importante, cela symbolise la terre nourricière, lieu de vie et d’habitation. le côté accueillant " Ne regarde pas avec indifférence le voyageur qui passe devant ta porte

Tu dois l’inviter à rentrer chez toi

Haere mai

Viens donc

Viens à la maison

Viens manger "

Bonjour ne se disait pas iaorana comme aujourd’hui mais littéralement : Viens donc, sous-entendu viens chez moi.

Lorsque sur le marché je parle avec une vieille dame de la vie d’autrefois elle me dit, " Oh ! Il y avait de la joie ! " Un médecin de la cinquantaine me disait que la maladie dont souffrent la plupart des gens est la solitude, n’aurions nous pas beaucoup à apprendre de la culture Ma’ohi ? Je vous en parlerai donc encore plus au prochain épisode.

Pensée du jour :

" Le plus haut degrés de tyrannie dans une société n’est pas obtenu par la menace des armes. Il réside dans la manipulation psychologique de la conscience, qui débouche sur le fait que la réalité est définie de telle façon que ceux qui la vivent ne se rendent même pas compte qu’ils sont dans une prison " Claude RIFAT

Précisions sur le calendrier.

Dans la gazette N°10 je vous souhaitais un bon siècle, 100 ans de bonne santé pourquoi pas ? Surtout à notre époque avec toutes nos connaissances. Pour ma part j’espère bien être en forme même à mon centième anniversaire. Je croyais effectivement que nous changions de siècle, erreur ! Le 21ième siècle débutera le 1er janvier 2001. La notion du zéro (0 première lettre de ‘rien’ écrit en grec) apparaît pourtant chez les Babyloniens, mais nous avons commencé à compte à l’année 1, donc le 1er siècle s’étend du 1er janvier 1 au 31 décembre 100. Au 15ième siècle il apparut un décalage entre le calendrier Julien et le début des saisons (Pâques tombai le 11 mars), le pape Grégoire 18 aidé de savants modifia le calendrier pour fixer celui d’aujourd’hui dit Grégorien…

Devinette (pour les littéraires…)

Au minium il faut mettre 3 fois la profondeur, soit ici 30 m de chaîne. Combien le contexte peut être important dans l’orthographe des mots. Tachez de trouver la bonne orthographe grâce à lui de cette phrase écrite phonétiquement : ‘lustucru que ton père fut lapin, car il était trop pomme de terre pour aimer les tamarins’ je vous aide ? Il s’agit d’une peinture marine.