La Gazette du STEVE N° 11

Par Kurt et Laurent LHERMITTE. Décembre 1999 et Janvier 2000

Le Steve est mouillé dans l’avant port de Papeete sur Tahiti, je retrouve la ville avec ses avantages et inconvénients. A l’atoll de Manihi, Kurt et Jean-Paul ont quitté le bord enchantés de leur séjour. Dans les atolls des Tuamotu je nageais avec les raies léopard, les requins à pointes noires, les gros poissons Napoléons. La barrière de corail est comme un magnifique aquarium, il y a des myriades de poissons multicolores. C’était tellement beau que j’en oubliai de respirer. Mais cette gazette est aussi consacrée aux îles Marquises. J’aimerai pouvoir vous faire découvrir ses décors grandioses, ses gens calmes et gentils, fières de leur culture.

 

Le festival des arts des Marquises.

C’est une grande fête qui a lieu aux Marquises tous les 4 ans entre polynésiens et pour les polynésiens. Je me suis promis d’y revenir en 2004. Il n’y a pas du tout de coté commercial, pas de pancarte Coca-Cola, pas de droits d’entré même pas de stand pour vendre des boissons ou sandwich. Sur le Marae (ou paepae cite ancestral de festivité religieuse ou civil restauré pour l’occasion) les groupes de différentes îles de Polynésie dansent, chantent, préparent des plats typiques, font des mises en scène. Un vénérable monsieur de l’île de Pâque, vêtu dans le style sorcier, organise le tissage d’une corde avec 4 groupes de 3 personnes, dont 3 militaires français en treillis. Le maire de Taiohae, Lucien nous traduit ; cela symbolise la paix et l’entre-aide entre les peuples, génial ! le groupe de Ua pou mené par Rataro exécute la danse du feu avec des bâtons enflammés aux extrémités. Celui de Nuku hiva, 120 danseuses et danseurs fait la préparation du Kacou. Les hommes ouvrent les cocos dans la frénésie de la danse, la râpent pour faire du lait. Les jeunes danseuses apportent alors les pilons et les fruits de l’arbre à pain. Les hommes pilent le fruit toujours en dansant au sons de l’orchestres de percutions typiques, puis dans une ambiance sereine les femmes mélangent le tout, et nous spectateurs nous dégustons le Kacou. Puis c’est la fameuse danse du cochon, ou les hommes miment avec plein d’humour la vie de l’animal. Les Marquisiens ont beaucoup d’humour et savent ne pas se prendre au sérieux. Lucien torse nu, en pagne insiste bien sur la présence des enfants dans ces danses pour que le savoir se transmette aux jeunes. Il nous explique que les sons gutturaux émis par les danseurs sont très difficiles à faire et nécessitent des années d’apprentissage. lui même après 15 années de travail nous fait en solo une démonstration. Je me plais à imaginer le maire de ma ville en paréo en train de danser et chanter avec les habitants. Mais au fait, nous peuple "civilisé" pourrions nous faire une action rigoureuse ou artistique comme une danse à 20 personnes ? Je crois que nous aurions beaucoup à apprendre de ceux qui nous semblent être de bon sauvages courant autour du feu. D’ailleurs lorsque j’entends à la radio toutes les sauvageries qui ont lieu cher nous, jusque dans les écoles !… enfin bref, revenons au spectacle. La délégation des Tuvalu est formée d’une chorale d’une dizaine de personnes. Assis par terre autour d’un plateau en bois les hommes y tapent du plat de la main. Le rythme accélère jusqu'à devenir frénétique, le son est magique et nous emporte, c’est fabuleux et très impressionnant. Il y a eu également durant ce festival, des grands repas, des expositions d’arts, l’arrivée des Marquisiens des îles environnantes sur les pirogues traditionnelles, bref c’était vraiment une fête à ne pas manquer.

Le STEVE.

A Nuku hiva, Eric sur son grand bateau "Musique" a installé une voilerie, ensemble nous révisons donc mes voiles. Il renforce la GV, reprend les coutures. Nous retaillons une fois de plus le génois léger, le tissus sur les bords exposé au soleil est cuit. Une voile résiste à 400 jours de soleil, ce qui prouve d’ailleurs qu’au cours d’un tour du monde il y a peu de jours de navigation…Je profite de rester ancré à Manihi pour bricoler, j’ai trouver un système avec une chambre à air pour rendre étanche l’interrupteur du guindeau. J’ai repeint le caillebotis de la salle de bain, passé enfin de l’huile de teck sur les bois du cockpit cela redonne une nouvelle jeunesse à mon petit intérieur…Ici à Papeete je vais faire réparer le frigo-boat, mon oncle Dany arrive le 16, il lui faut bien des glaçons pour le Pastis !

T’chatchons New wave ! !

Le français est une langue vivante ! Les jeunes utilisent des mots marrant, ils hallucinent, kifent et c’est clair font évoluer notre langue. Avec Kurt nous avons donc écris un petit récit. Nous nous sommes aperçus que ce vocabulaire est plus approprié pour décrire la violence des banlieues que la paisible sérénité des îles Marquises… L’évolution du langage suit-il celui de la société ?

On se ramenait à donfe sur Fatu iva pour faire un brek après 21 jours de nave. On était fracasse. Le lorenzo me crachait des Db à la chetron pour que je me speed à maniveller le winch, pour pas destroye le génois ! La Grand-voile venait de quecra lors d’un empannage un peu hard. Apres l’avoir affalée on a fini au moteur.On kif à fond l’entrée dans la baie des vierges. On part en viré dans le bled et là j’hallucine y avait queue dalle pour se payer de la bouffe. Chelou la face des quelques jeunes, un de leur daron nous salut et nous offre gratis banane et baguette. T’y crois pas quoi ! Pas une pépette ! Tranquille le mec ! C’est roots man ici, on se gave de Mangues, citrons, cocos, goyaves, caramboles, pamplemousses, avocats, y’en a à chier, y’a qu’a se baisser. Tiens ! on a faillit bouillave le boat. Laurent ne se billait pas, toujours relaxe, alors que le Steve se tirait sans nous. L’ancre dérapait à cause des rafales de vent. Quelle galère pour remonter l’ancre…

Un peu d'histoire

Il y a 3 à 4 milles ans le peuple polynésien émigre du sud-est asiatique au fur à mesure les hommes vont peupler les îles de plus en plus reculées vers l’Est. En découvrant les îles appelées alors " terre des hommes " (en marquisien : Fenua Enata) dès 1595, le navigateur espagnol Alvaro de Mendaña leur donna le nom de l’épouse du vice-roi du Pérou (les îles Marquises-de-Mendoza, nom qui fut abrégé en Marquises). Cook les redécouvrit en 1774 et elles furent annexées par la France en 1842. C’est un ensemble de douze îles volcaniques de 1 275 kilomètres carrés au total, les plus grandes étant Nuku-Hiva et Hiva-Oa. Elles présentent une grande unité de paysages : pitons en pain de sucre, vallées profondes, caps inaccessibles, étroitesse de la bande littorale. L’histoire des Marquisiens est l’histoire tragique du pire ethnocide de tout le Pacifique : les premiers navigateurs estimèrent la population des îles à près de 100 000 habitants. Cruellement atteints par les maladies et par les nouveaux contacts culturels, ils n’étaient plus que 6 000 en 1872, 3 000 en 1911, 2 200 en 1930 ; les Marquises comptaient 7 358 habitants lors du recensement de 1988.

La France de la monarchie de Juillet et du second Empire, disposant d’une marine active et désirant soutenir les missions catholiques contre les protestants anglo-saxons, s’implanta aux Marquises dès 1842, établit son protectorat sur Tahiti en 1843, annexa la Nouvelle-Calédonie en 1853 et les Loyauté en 1866. La III e République mena une politique coloniale très dynamique dans le Pacifique, annexant Tahiti et les Tuamotu (1880), les Australes (1881), les Gambier (1882), Wallis-et-Futuna (1886) et enfin les îles Sous-le-Vent (ouest des îles de la Société) en 1886

Les îles Marquises furent le relais des principales migrations de la Polynésie orientale vers les Hawaii, les îles de la Société, la Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques. Les Marquisiens étaient des artisans admirables, surtout dans le travail du bois et les parures de toutes sortes. Leur art est tout en dessin et même le tatouage corporel apparaît comme une écriture. C’est aux îles Marquises que furent mis au jour les sites les plus anciens, datés du III e siècle de notre ère (peut-être plus tôt : de 150 av. J.-C. environ, selon une datation au carbone 14 obtenue pour un site de l’île Ua Pou). À cette époque, la culture matérielle avait évolué sous l’influence probable d’éléments extérieurs à la Mélanésie et à la Polynésie occidentale où ils étaient inconnus : nombreux types d’herminettes à épaulement, hameçons divers, têtes de harpons en os. Il y a actuellement énormément de sites archéologiques enfouis sous la végétation. Si les enfants vous devenez archéologues les Marquises resteront une terre de découverte.

Un peu de Vécu...

Les Marquises

Le lundi 6 décembre, en compagnie de Kurt je mouille en face du village de Hanavave. Il fait beau, une légère houle d’ouest crée des vagues sur les galets de la plage sans danger pour le bateau. Nous sommes impressionnés par les falaises, les pics de cette île. Au mouillage je reconnais le catamaran d’Alain et Corinne, "Raïatea", nous sommes contents de les savoir là. Ils étaient partis des Galápagos 3 ou 4 jours avant nous. Avec l’annexe on surfe la vague qui déferle sur la pente glissante du débarcadère puis échangeons quelques paroles avec 3 jeunes gens. Ils parlent un français lymphatique avec un drôle d’accent. Ils voudraient échanger des cartouches de fusil, des cordes, une ponceuse contre des fruits ou des " tiki ", ces petites statuettes en bois. Pour finir ils nous proposent de jouer au foot après notre balade. Il est original ce village. Les habitations peintes aux couleurs vives n’ont pas de clôture. Les gazons autour sont bien entretenus avec plein de fleurs et d’arbres fruitiers. La nature est généreuse et les gens aussi ! Plus loin sur le bord des chemins poussent des citronniers et d’énormes manguiers. Les fruits restent par terre à profusion sauf pour les bananiers, eux sont plantés il faut donc demander l’autorisation au propriétaire qui l’accorde volontiers de retour dans le hameau nous croisons un monsieur assez corpulent qui nous salue, puis nous demande si nous avions des bananes. Nous lui répondons que l’on vient d’arriver :

-" AH! Mais vous n’avez pas de pain non plus. Allez venez je vais vous donner ça. "Les familles vivent en communauté. Nous parlons à une grand-mère avec un bébé dans les bras tandis que notre monsieur nous prépare un sac de nourriture. Elle nous traduit quelques mots de Marquisien: Kaoha veut dire bonjour. Lorsqu’on demande comment dire merci elle ne répond pas et fait une drôle de tête, mystère? Nous apprendrons plus tard que ce mot n’existe pas dans sa langue. Le soir nous retrouvons les copains à l’apéro sur Raïatea. La traversée, les Marquises, leurs habitants, sont les sujets de nos discussions, c’est le bonheur ! Comble du hasard, notre repas arrive tout frais dans l’annexe, une carangue a sauté un peu trop haut dans les airs ! Nous faisons le soir même connaissance de Jérôme et Françoise sur le seul autre voilier du mouillage : "Anaho". C’est un couple de jeune extra. Ils ont construit ensemble, comme le précise bien Françoise, leur bateau durant 10 années et maintenant se régalent à voyager avec. On parle entre autre de construction et d’architecture, Kurt imagine déjà l’intérieur de son futur voilier. Les jours suivants nous sympathisons avec Angélique, une jeune femme du village qui héberge Michel un touriste allemand habitué des vacances aux Marquises. Pour son départ elle organise un dîné et nous invite. On amène les desserts, Angélique et ses amies ont préparé des écrevisses cuites au lait de coco, de la viande rouge (depuis 21js cela me manquait), du poulet en sauce, cette cuisine typique est succulente.

Après quelques belles balades pour se refaire les cuisses nous devions partir ce vendredi 10 à 6h du matin, mais le bonitier qui assure la liaison avec Hiva-oa est en panne et Michel a un avion pour Papeete, je propose donc de les emmener. Nous levons l’encre vers midi après avoir rempli la moitié du carré de paquets et embarqué 7 personnes dont 3 enfants. La traversée est folklorique, une grand-mère reste allongée par terre dans le carré, l’institutrice est crispée sur le pont et une jeune femme avec son fils remplissent une cuvette que je dois aller vider par dessus bord ! Les Marquisiens sont un peuple tourné vers la mer, les hommes sont pêcheurs, mais apparemment leurs femmes ne sont pas habituées à naviguer… elles avaient peur que le bateau chavire, j’étais pourtant sous-toilé pour ne pas trop gîter. Angélique, Kurt et moi avons bien manger, les écrevisses crues avec une délicieuse sauce au citron, le " poepoe "* (purée de fruit de l’arbre à pain) le gâteau à la coco, c’était excellent. Revoir du monde nous faisait très plaisir, mais retrouver notre calme le soir au mouillage de Hiva-oa ne nous déçoit pas.

Les marquisiens sont dans l’ensemble sympa ils nous prennent en stop, on visite les alentours du mouillage, achetons des produits frais sans trop penser au prix. Dire qu’une canette de jus de fruit ici vaut le prix d’un menu complet, avec un vrai jus compris, en Equateur. Avec les vélos nous allons sur la tombe de Jacques Brel et Paul Gaugin. Ces artistes ont fini leurs jours ici, et en découvrant l’ambiance paisible de ces îles, je les comprends.

Le mercredi 15 à 15h30 mon frère Jean Paul atterrit sur Nuku hiva, après une navigation tranquille nous mouillons donc dans la baie de "Haopu"* à 6km de l’aéroport. Celui-ci est au nord de l’île à 3h de 4*4 ou une demi-heure d’hélicoptère de la ville principale "Taiohae"*. C’est le seul endroit un peu plat de l’île, il est surnommé : terre déserte. Effectivement il n’y a personne, on se fait une bonne après midi de marche. Jean-Paul doit se sentir parachuté dans un autre monde. Il se liquéfie aussi vite qu’il rougit. Une fois au bateau tout le monde pique une tête pour se rafraîchir, puis nous déballons tous les présents du frangin. En fin d’après midi pour le repas je fais une petite chasse dans cette baie déserte. L’eau est un peu trouble, je n’ai pas le temps de charger le fusil qu’un banc de grosses carangues passe en me narguant 2 secondes après je vois sous moi 2 requins bleus : Un peu tard pour chasser ! Je ne vois pas de rouget, ces excellents poissons habitués à nicher dans les trous ou sous les roches. Tant pis je remonte bredouille, nous mangerons des pâtes. Le lendemain nous tirons des bords pour faire le tour de l’île. Nous visitons " Taiohae " la capitale administrative du groupe sud des îles. Jean Paul, surpris par le peu d’habitant, semble trouver cette île encore mieux qu’il ne l’imaginait.

 

 

Baie Daniel, l'entrée est juste derrière nous...pendant la guerre toute la flotte allemande s'y était dissimulée. Navigation tranquille, Jean-paul tiens la barre.

Le 17 nous redescendons sous le vent pour aller dormir dans la baie " Taioa ". On a raté l’entrée tellement elle est dissimulée et étroite entre les falaises. On entre avec la tombée de la nuit dans un vrai lac intérieur entouré de montagnes verdoyantes. Nous passons, sous un superbe ciel étoilé, une nuit on ne peut plus calme. Comme dirai mon frère Michel : " Alors on n'est pas bien là ? Elle est pas belle la vie… " L’autre nom de la baie est Daniel, ce vénérable grand-père y habite avec sa femme depuis 75 ans. Accueillant et très intéressant, il nous parle du passé, de "Fenua enata", des gens de bateau, de sa langue, il a apprivoisé une tortue et la libère devant nous en la posant sur le sable. Il nous donne de l’eau de sa source, la meilleure des Marquises ! Le temps d’une belle promenade jusqu'à une cascade et nous revoilà en mer. Direction "Ua pou". Chaque île a ses charmes, les balades et la baignade sur les plages désertes nous resteront longtemps gravées dans nos mémoire. Le 23 nous retournons sur Fatu-iva pour faire voir à Jean-Paul cette fameuse baie des vierges. C’est en y arrivant qu’une couture de la grand voile a lâché. Le temps était couvert, il y avait des grains et je ne voulais pas renverser le bol de raisins sec qui trempaient dans du rhum en attendant la réalisation d’un gâteau. Du coup nous passons toute la journée de Noël à pousser une aiguille dans les trous de la couture. On a mal aux doigts ! Le soir pour partager un peu la vie des gens nous assistons à la messe en marquisien. Le départ d’une procession se fait de la plage. Les gens du village suivent une croix et des flambeaux 4 ou 5 personnes dont le prêtre européen vêtu d’habits religieux ferment la marche. Que des gens marchent en groupe ainsi comme des moutons m’exaspère. Tout le village rentre dans la petite église, je me croirais revenu au temps des missionnaires venus évangéliser les bons sauvages. Le prêtre commence son speech en parfait marquisien, il semble très dur et autoritaire. Heureusement un petit groupe de musiciens et une chorale de jeunes adoucissent l’atmosphère de leurs chants mélodieux. Enfin le prêtre a fini son sermon nous pouvons sortir, les gens ont préparé un petit spectacle sur la pelouse devant l’église, ils dansent puis jouent une scène des rois mages. On discute avec le prêtre, mais celui-ci semble pressé de manger les gâteaux préparés par les femmes, avant que les enfants engloutissent tout. Une fois les gâteaux finis tout le monde rentre chez soi pour fêter Noël en famille.

Le village principal de Ua pou est au fond
de cette baie.
Kurt copie les gravures des ancêtres
marquisiens, nous sommes en plein nature.
Dans le cimetière de Atuona nous avons une petite pensé pour J. Brel et P. Gauguin; deux amoureux des Marquises.

Le temps d’une balade à terre et nous reprenons notre petit tour des îles direction Hiva-oa. La navigation est cette fois un peu sportive, il y a des grains avec des rafales à 30 Nds notre couture tien bon. On se fait doucher. Le Steve file par vent de travers, à 6 voir 8 nœuds ! .Nous retrouvons un peu la ville enfin le village d’Atuona 2000 personnes vivent ici. Il y a quand même 2 ou 3 épiceries et une station service près du mouillage. Dire que nous espérions pouvoir aller au cinoche ! Après avoir relevé le courrier de la poste restante, nous repartons le 27 en fin d’après midi pour la petite île de Tahuata. A Vaitahu, le village est désert tout le monde est sur Nuku-hiva pour le festival des arts. Nous visitons le petit musée. En 1998 des fouilles ont mis à jours pleins d’objets insolites, des pierres taillées pour servir d’ancre, des hameçons en nacre d’une minutie incroyable, des herminettes. C’est également ici qu’un jour de 1842 l’amiral Dupetit-thouars signe le traité de rattachement à la France. Nous relevons l’ancre pour aller dans la Baie de Hana moe noe, ambiance plage de sable blanc et cocotiers. Le mouillage est superbe, nous rencontrons une famille de Motopu venue ici passer des vacances. Les enfants sont sympas, et leurs 2 grandes sœurs nous préparent des crustacés, une assiette d’oursins, on se régale assis tranquille sur les rochers. Une petite soif ? Aller on s’ouvre une coco verte pour boire son eau. Il y a ici un parfum de paradis. En échange tous visitent le bateau, nous finissons le cake et passons un bon moment. Marie-iris nous offre des T-shirts, des CD de musique locale, c’est super gentil mais le festival sur Nuku-hiva nous attend. Nous y arrivons le 30 pour le dernier jour, et on en prend plein les yeux ; Le spectacle du soir se déroule dans un "marae". Une fois encore on se sent projeté dans le passé mais cette fois bien avant 1595 ! On retrouve tous les copains du mouillage, dans une ambiance est très très chaleureuse pour fêter le Jour de l’An sur le voilier " Musique ", la goélette en acier de 25m d’Eric et Odile. J’avais croisé leur famille à panama les enfants voulaient se poser un peu pour aller à l’école et avoir des copains. Ils en avaient apparemment un peu assez des cours du CNED. Après une seconde fête, Kurt ne s’en lasse pas, pour l’anniversaire d’Odile, nous prenons la mer au petit matin du 4 janvier, sans avoir encore dessaoulé ! Pour quitter les Marquises si vite fallait bien en avoir un petit coup dans l’aile ! Nous les regretterons ces îles.

Manihi Rangiroa

Premier contact avec le corail d’un atoll des Tuamotu. Nous arrivons face à la passe de Manihi le samedi 8 janvier vers midi, après 4 jours de mer. Jean Paul a une réservation valable juste 15h c’était juste. Le courant est sortant, je tente donc l’entrée dans le lagon. Il y a bien 2 à 3 nœuds de courant le Steve avance donc lentement dans la passe. Il y a une quinzaine de mètre d’eau sous la quille mais la carte indique 1 ou 2 fathoms* vers l’extrémité de la passe. Comme le fond remonte le courant augmente et perturbe la trajectoire du bateau, j’accélère mais le Steve fait des embardées sur le coté. Kurt est sur le balcon avant et indique la direction qui lui semble la plus profonde mais ce n’est pas facile. A 1600 Tr/min je suis à 5 nœuds mais par rapport au piège à poissons qui bordent la passe on n’avance pratiquement plus. Le sondeur indique 3m…2m… Kurt dit d’aller sur tribord et paf ! Je sens la quille gratter le corail ! Allez demi-tour nous attendrons que le courant soit moins fort. Kurt fait des bonds : "on était passé" affirme-t-il. Tant pis le capitaine est parfois borné, je le reconnais…nous mouillons à l’extérieur, sur le coté de la passe la mer est calme. On en profite pour plonger sur les coraux, tandis que Jean-Paul est confronté au flegme des îliens : " Ah ! Il faut voir Marie mais elle est peut être partie, faut attendre demain " lui dit on avec un formidable sourire…il perd donc sa réservation, les gens sont très très cool ici mais finalement tout s’arrange toujours. Kurt et son père prennent l’avion le 9 pour rentrer en France des souvenirs pleins la tête. Je reste 10 jours dans le lagon, je visite les fermes perlières, je mange que du poissons riz et coco. Qu’ils étaient bons les fruits des Marquises ! Je sympathise avec Lionel et sa famille. Nous pêchons ensemble et le soir sur leur petit Motu* isolé, Emilie nous cuisine les poissons à la Tahitienne, avec du lait de coco ou grillé au feu de bois, un vrai régal ! Le soir ils se retrouvent sur le motu dans une cabane de bois et tôles ondulées, dans la nature, il y a trop de bruit en ville. Pour bien dormir, au vent de la cabane planté sur les coraux il y a le lit. Ils me font également participer le dimanche à une manifestation religieuse, ils sont Sanito, mélange de la religion Mormon et Catholique. Le groupe du village se retrouve dans une pièce. Les gens parlent de leurs problèmes, par exemple de l’éducation des enfants, chantent à la gloire de Dieu, et chaque semaine une personne du groupe fait un sermon. Bien sur une dame fait une collecte d’argent dans les rangs. Je trouve que le fait de se réunir est bien, mais pourquoi faut-il que soit au nom d’une religion ? Toutes ces doctrines que peuvent suivre les hommes de façon fanatiques me font très peur. Lorsque souvent ils me demande en quoi je crois, je leurs réponds simplement que je suis matérialiste et je crois un peu en la science...Finalement ne sommes-nous pas que des poussières d’étoiles ? Bon, j’ai beau prier, aucune divinité ne m’aidera à passer la passe sans talonner, je préfère plonger en prenant des repères à terre et attendre 2 jours pour sortir au bon moment, et passer au bon endroit. Faire de l’apnée dans la passe est d’ailleurs super, accroché au Zodiac, je me laisse entraîner par le courant au milieu des poissons. Le Steve passe à 20 cm du fond, ouf ! le voilà a nouveau libre sur l’océan. Après avoir laissé Ahe, l’atoll de Moitessier, sur le tribord cap au 260 pour Rangiroa.

Visite d'une ferme perlière de Manihi, pendant la récolte. J'apprends les techniques de la culture. on peut voir sur la photo la planchette de Téflon ou les petits bouts du manteau de l'huître, nécessaire pour la première greffe, trempent dans du Dakin, et les coins qui maintiennent l'huître ouverte pendant la greffe et la récolte.

Si la perle est de bonne qualité, dès la récolte on réintroduit un nodule qui en 18 mois sera recouvert de nacre. la couleur de la perle dépend de la première greffe.

 Devinettes: (Pour les voileux...)

Alors vous avez tous trouvez le nombre utile pour le calcul du périmètre d’un cercle, c’est pi : 3.1415926535 il fallait juste compter les lettres. En voilà une autre bien concrète : quelle est la longueur de chaîne minimale à mouiller pour s’ancrer si la profondeur est de 10 mètres par exemple?

*Remarques: -Le fathom est une unité anglaise et vaut 1.8 m.

-En marquisien le "e" se prononce [é], le "u", [ou] et "ai", [aï] .

-Un "motu" est un petit îlot sur l’atoll.